Des champs de céréales à perte de vue, quelques haies, le tout tra­ver­sé par une seule route départe­men­tale. La vie est en sus­pens en ce début d’après-midi d’été, la canicule sur­plombe tout le reste. Il n’y a que quelques oiseaux qui osent encore faire enten­dre leur voix. Le plateau de Saclay, « pôle d’excellence » du Grand Paris, reste pour l’instant prin­ci­pale­ment une zone agri­cole. Pour arriv­er à Zaclay, on cir­cule entre d’énormes chantiers, avant d’arriver au CEA (Com­mis­sari­at de l’énergie atom­ique), l’un des fleu­rons du pôle sci­en­tifique de Saclay.

Zaclay, c’est une Zone à Défendre (ZAD, d’où la con­trac­tion de ZAD et Saclay en Zaclay) légale, exis­tante grâce à l’approbation des Ven­dames, agricul­teurs bio du plateau. Cette ZAD a été fondée en mai 2021 par un petit groupe d’opposant.es au pro­jet de Ligne 18 du métro Grand Paris Express, qui devrait voir la lumière en 2030. Ligne en rocade, tra­ver­sant la ban­lieue sud de Paris, le métro 18 devrait reli­er les « pôles » d’Orly (94), de Massy (91) et de Ver­sailles (78), tra­ver­sant les ter­res agri­coles du plateau. Une occu­pa­tion née de la ren­con­tre entre plusieurs activistes à Palaiseau (91).

Cette poignée d’écologistes a don­né lieu aux « assem­blées écologiques et sociales » en 2020. «Une pre­mière occu­pa­tion d’une semaine, nom­mée ‘Céréal Killer’, a été le prélude de Zaclay » racon­te Sophie* du col­lec­tif con­tre la ligne 18. Mais la lutte existe depuis beau­coup plus longtemps. Harm Smit, du Col­lec­tif OIN Saclay (COLOS) rap­pelle : « Les luttes con­tre l’urbanisation du plateau exis­tent depuis 1980, après les pre­miers pro­jets de béton­i­sa­tion ». COLOS s’est for­mé en 2006, comme groupe de tra­vail et de réflex­ion sur l’urbanisation du plateau. La ligne 18 du métro, con­tre laque­lle lut­tent les activistes, fait par­tie du vaste pro­jet de développe­ment de la métro­pole parisi­enne, axé surtout sur la créa­tion de nou­velles lignes de trans­port en com­mun : le Grand Paris Express (GPE).

À Zaclay, l’occupation se com­pose d’une poignée de cabanes « privées », où logent « env­i­ron une ving­taine de per­son­nes, selon les péri­odes » affirme Sophie : « c’est un lieu de vie et d’accueil prin­ci­pale­ment. On accueille des indi­vidus mais aus­si et surtout des col­lec­tifs, pour des réu­nions, des con­férences, des soirées. Dans deux jours, par exem­ple, il y aura une dis­cus­sion sur la ges­tion des déchets nucléaires ».

Depuis le début de l’occupation, le bilan de la lutte n’est pas réjouis­sant : le chantier du métro se pour­suit, et la répres­sion com­mence à frap­per les militant.es. Deux activistes d’Extinction Rebel­lion passeront en procès le 13 jan­vi­er 20231pour l’accrochage à une grue de chantier d’une ban­de­role con­tre la Ligne 18. En même temps, le maire de Vil­liers-le-Bâcle, Guil­laume Val­ois, men­ace de pour­suites légales les agricul­teurs hébergeant la ZAD, pour la con­struc­tion de bâti­ments d’habitation sans autori­sa­tion préal­able. Con­tac­té à ce sujet, le maire n’a pas voulu répon­dre à nos question.

« C’est le signe qu’on dérange » se réjouit Sophie : « Au moins, l’occupation aura servi à faire exis­ter médi­a­tique­ment la lutte con­tre la Ligne 18, que ce soit au niveau local, région­al ou nation­al. Après des années de luttes sur le plateau, on a pu rompre ce pla­fond de verre en recourant à cette tac­tique qui n’avait pas encore été util­isée ».

La Ligne 18, joyau du Grand Paris Express ?

Mais pourquoi autant de haine con­tre une ligne de métro ? Les écol­o­gistes ne seraient-iels pas devenu.es un peu zinzin à se préoc­cu­per d’une ligne qui tra­verse sim­ple­ment les champs sans les touch­er ? D’autant que les 2 500 hectares de ter­res agri­coles du plateau sont pro­tégés par le statut de Zone de Pro­tec­tion Naturelle, Agri­cole et Forestière (ZPNAF), insti­tué par la Loi du Grand Paris. Sur cette zone : « Aucun change­ment de mode d’oc­cu­pa­tion du sol […] ne peut inter­venir sans autori­sa­tion des min­istres chargés du développe­ment durable et de l’a­gri­cul­ture […] ». Une pro­tec­tion sur laque­lle les activistes sont unanime­ment dubitatif.ves.

Selon la Société du Grand Paris (SGP), étab­lisse­ment pub­lic chargé de con­cevoir le GPE, la jus­ti­fi­ca­tion des nou­velles lignes de métro est avant tout envi­ron­nemen­tale : « Le nou­veau métro con­tribue, par nature, au développe­ment durable et à la réduc­tion des émis­sions de gaz à effet de serre », peut-on lire sur son site2. Le tout grâce à la propo­si­tion d’un mode de déplace­ment alter­natif à la voiture. Le développe­ment du trans­port en com­mun per­me­t­trait cette trans­for­ma­tion et la lim­i­ta­tion de l’étalement urbain3.

Les ter­res béton­nées ? Pas un prob­lème : comme dans tout grand pro­jet, une com­pen­sa­tion est pro­posée par la SGP4. Un argu­men­taire « vert » attaqué sur plusieurs plans. Selon les activistes, la perte en bio­di­ver­sité que la Ligne 18 con­stituerait pour le plateau ne serait pas com­pens­able. « Ces ter­res sont par­mi les plus fer­tiles d’Europe » s’insurge Sophie : « même plus que la plaine ukraini­enne. Nulle part tu peux recréer cet écosys­tème5 ». Il n’y aurait pas équiv­a­lence entre les ter­res du plateau et n’importe quelle autre terre de France, et même si c’était le cas, la repro­duc­tion de cet écosys­tème deman­derait plusieurs décennies.

Mais la crois­sance verte n’est pas la seule ambi­tion de ces 200 kilo­mètres de métro et de ces 68 nou­velles gares qui vont voir le jour d’ici 2030. « Colonne vertébrale » du pro­jet du Grand Paris, le GPE servi­rait à reli­er entre eux les 10 pôles « d’excellence », qui car­ac­téris­eraient la métro­pole du futur selon la com­mu­ni­ca­tion offi­cielle. Ain­si, le GPE : « rap­prochera les fran­ciliens de l’emploi, de l’enseignement, des équipements de san­té et des lieux cul­turels et de loisirs6 ». Le GPE réduirait, de cette façon, les iné­gal­ités ter­ri­to­ri­ales. Les nou­veaux axes de trans­port per­me­t­traient, pour la SGP et pour les com­man­di­taires du Grand Paris, l’intégration économique du ter­ri­toire mét­ro­pol­i­tain, son développe­ment et son ray­on­nement dans le monde, les rêves de grandeur étant un des piliers du pro­jet Grand Paris depuis ses orig­ines. Ain­si, deux à trois mil­lions de voyageurs utilis­eront chaque jour une ligne du Grand Paris Express pour aller à toute vitesse à leur ren­dez-vous. Voilà Paris enfin « ville monde7»!

Pour­tant, le développe­ment du plateau pour­rait ne pas être si linéaire que ça. Selon Harm Smit du COLOS : « Le pas­sage du métro favoris­era l’étalement urbain, parce que les gens vont prof­iter d’avoir un trans­port rapi­de pour aller habiter plus loin en ban­lieue. Il va aus­si fal­loir con­stru­ire des loge­ments et des ser­vices autour des gares. En plus, la ZPNAF est facile­ment déclass­able, ce qui laisse présager que de nou­velles gares avec quartiers annex­es vont voir le jour sur le plateau ».

En effet, le déclasse­ment des Jardins Ouvri­ers d’Aubervilliers8 pour per­me­t­tre leur béton­i­sa­tion, en 2020, est un précé­dent qui a mar­qué les esprits. D’autant que les autorités publiques9 esti­ment que la rentabil­ité du tronçon CEA – Ver­sailles est dépen­dante du développe­ment urbain des espaces tra­ver­sés. L’idée même de con­necter des pôles d’activités entre eux, si chère au pro­jet du Grand Paris, est remise en ques­tion par les urban­istes. Selon Jacque­line Lorthois, urban­iste spé­cial­isée en matière de liens entre tra­vail, emplois et ter­ri­toires, un tel mod­èle ne serait pas rentable et ne répondrait pas aux besoins réels de trans­ports10. En effet, les esti­ma­tions de traf­ic faites sur la ligne 18 à l’horizon 2030 prévoient au max­i­mum 6 000 per­son­nes à un instant t sur le tronçon ouest à l’heure de pointe11, beau­coup moins que les 40 000 per­son­nes que le métro pour­rait trans­porter. Un dimen­sion­nement qui ne se jus­ti­fierait alors que par la con­struc­tion de nou­veaux loge­ments sur le plateau.

Pour Harm Smit, la ligne 18 du métro favoris­era la créa­tion d’une « ville dis­so­ciée » : « Les gens qui habitent à un endroit n’y tra­vail­lent pas et celles qui y tra­vail­lent n’y habitent pas. C’est un grand gâchis de ressources et d’offres en trans­ports, alors qu’on pour­rait dévelop­per des zones cohérentes où les gens habitent et tra­vail­lent sur un même lieu ». C’est aus­si une énorme dépense publique, avec un coût de la Ligne 18 estimé à 4,5 mil­liards d’euros et les prix des chantiers du Grand Paris qui explosent (l’estimation ini­tiale, lors du débat pub­lic de 2010, du coût du GPE était de 19 mil­liards d’euros, révisée à 36 mil­liards cette année12). Pourquoi donc la ligne 18 sem­ble-t-elle si indis­pens­able au Grand Paris ?

Saclay : La Silicon Valley française

Une grande par­tie de l’argumentaire des défenseurs de la ligne 18 repose sur la recherche d’« excel­lence » du pôle uni­ver­si­taire Paris-Saclay, « véri­ta­ble levi­er au ser­vice de la dynamique du clus­ter13», qui rassem­ble nom­bre d’établissements supérieurs de recherche, de grandes écoles et d’universités. Le pro­jet de cam­pus urbain est « le plus grand pro­jet urbain européen actuelle­ment en con­struc­tion », et il devrait accueil­lir en 2025 20 000 chercheurs et enseignants, 30 000 étu­di­ants, 20 000 employés et env­i­ron 15 000 habi­tants14. Dans les ambi­tions des ini­ti­a­teurs du Grand Paris, Paris-Saclay doit devenir la « Sil­i­con Val­ley » française.

« Le projet d’aménagement du plateau de Saclay est un projet du vingtième siècle, avec son arrogance positiviste, qui continue comme un zombie » Emmanuel Ferrand, maître de conférences en mathématiques

Pour l’Établissement Pub­lic d’Aménagement (EPA) Paris-Saclay : « Le pro­jet de développe­ment du plateau de Saclay est un élé­ment clé du développe­ment du Grand Paris, il est des­tiné à dot­er la région parisi­enne et la France d’un pôle sci­en­tifique et tech­nologique de rang mon­di­al ». Déjà 13 % de la recherche française est con­cen­trée dans ce pôle, soit 40 % des emplois de la recherche publique et privée d’Île-de-France. Le pro­jet rassem­ble des étab­lisse­ments pres­tigieux comme l’école poly­tech­nique, le cam­pus AgroParis­Tech, le CEA et HEC (école des Hautes Études Commerciales).

Pour Emmanuel Fer­rand, maître de con­férences en math­é­ma­tiques à l’Institut de Math­é­ma­tiques de Jussieu — Paris Rive Gauche (IMJ-PRG), c’est : « Un pro­jet du vingtième siè­cle, avec son arro­gance pos­i­tiviste, qui con­tin­ue comme un zom­bie ». Un pro­jet qui repose sur l’idée sans cesse répétée que la con­cen­tra­tion des cen­tres de recherche, devenant ain­si des « clus­ters », per­me­t­trait d’améliorer leur effi­cac­ité et leur inter­con­nex­ion, favorisant la crois­sance économique. D’un autre côté, il pré­conise un développe­ment simul­tané de l’industrie, notam­ment à tra­vers les start-ups, qui per­me­t­traient des avancées tech­nologiques sans pareil et la solu­tion aux prob­lèmes du chô­mage, des lim­ites plané­taires, etc : la crois­sance sans fin !

Flo­rence*, activiste à Saclay, analyse ain­si l’idéologie du Grand Paris : « On crée un ter­ri­toire immense, entière­ment minéral­isé, où tous les besoins sont réso­lus grâce aux avancées tech­nologiques et où tout le monde s’adapte à un mode de vie de con­som­ma­tion fréné­tique ». Paris-Saclay se veut comme le joy­au du pro­jet du Grand Paris et il incar­ne par­faite­ment son idéologie.

Une opposition francilienne pour un projet francilien

On com­prend aus­si, en creux, l’opposition farouche de nom­bre d’activistes écol­o­gistes aux pro­jets du Grand Paris. Depuis octo­bre dernier, une Coor­di­na­tion des luttes locales d’Île-de-France a vu le jour. Celle-ci a offi­cielle­ment été lancée à l’occasion de la « Marche des ter­res », con­ver­gence de qua­tre march­es vers la mairie de Paris, depuis les lieux-sym­bole des luttes con­tre le Grand Paris, et notam­ment Gonesse et Saclay, en pas­sant par les Jardins d’Aubervilliers et le parc Georges Val­bon, men­acé par des pro­jets liés aux Jeux Olympiques. Pour Flo­rence : « Les deux prob­lé­ma­tiques de la ligne 17 [NDLR : qui men­ace les ter­res de Gonesse et con­tre laque­lle se bat le col­lec­tif pour le Tri­an­gle de Gonesse (CPTG)] et 18 sont telle­ment sim­i­laires que ce serait stu­pide de ne pas lut­ter ensem­ble. Les deux lignes doivent être aban­don­nées, c’est notre but ».

« Sur les aspects concrets, quand il faut défendre un lieu ou attaquer un projet, on est toujours là » Chloé Gerbier, association Terres de luttes

Au fur et à mesure, d’autres col­lec­tifs ont rejoint la coor­di­na­tion, comme Saccage 2024, Désobéis­sance Éco­lo Paris et des groupes nationaux tel qu’Alternatiba et Youth for Cli­mate. Pour Chloé Ger­bier, de l’association Ter­res de luttes, qui four­nit du sou­tien légal et de com­mu­ni­ca­tion aux col­lec­tifs écol­o­gistes : « Le fait que la coor­di­na­tion se soit élargie est bon signe, ça veut dire que ça sert à quelque chose. Ça peut provo­quer du con­flit aus­si, mais pour l’instant le côté posi­tif c’est que sur les aspects con­crets, quand il faut défendre un lieu ou atta­quer un pro­jet, on est tou­jours là ». Une dynamique d’entraide et de partage de ressources qui per­met de décu­pler la force de frappe de ces collectifs.

Une coor­di­na­tion avait déjà vu le jour avant la pandémie. Nom­mée COSTIF (Coor­di­na­tion pour la Sol­i­dar­ité des Ter­ri­toires d’Île-de-France), elle avait pour­tant duré peu longtemps. La reprise de souf­fle des luttes écol­o­gistes suite aux con­fine­ments, à l’hiver 2021, a relancé une dynamique de ren­con­tres. L’occupation de la ZAD de Gonesse, en févri­er 2021, et ensuite la nais­sance des occu­pa­tions des Jardins d’Aubervilliers (JAD) et de Zaclay, n’ont pas seule­ment été des pre­mières his­toriques en Île-de-France (la région n’ayant jamais vu naître des ZAD aupar­a­vant). Elles ont per­mis la ren­con­tre physique et con­crète des activistes écol­o­gistes, la mise en com­mun de ressources, le partage des prob­lèmes et des straté­gies pour y faire face. Ce n’est pas un hasard si c’est après ces expéri­ences que la coor­di­na­tion a vu le jour.

Le réseau per­met aus­si de struc­tur­er une cri­tique du Grand Paris qui dépasse les seules reven­di­ca­tions écologiques. En iden­ti­fi­ant le Grand Paris comme enne­mi com­mun, les activistes dépassent les seuls sujets envi­ron­nemen­taux, pour adhér­er à une vision holis­tique. Le Grand Paris est avant tout un pro­jet, néolibéral, de société. Pour Solène*, de Désobéis­sance Éco­lo Paris, le Grand Paris est une oppor­tu­nité pour axer le dis­cours surtout sur des thèmes poli­tiques : « Moi je me bats pas seule­ment pour préserv­er des par­celles agri­coles à Saclay, même si c’est très impor­tant. Je me bats surtout con­tre un sys­tème économique. Et le Grand Paris, au niveau social, est cat­a­strophique, surtout pour les plus pré­caires qui sont relégué.es encore plus loin en périphérie de la métro­pole ». Un con­stat auquel fait écho Mar­lène*, d’Alternatiba Paris : « La force des luttes éco­lo locales c’est que ça rend très vis­i­ble le lien entre les prob­lèmes con­crets des gens et la crise écologique ».

La lutte con­tre ce pro­jet de méga­lo­pole pour­rait paraître dés­espérée, con­cède Solène : « Oui c’est trop gros ! Mais dévelop­per un argu­men­taire plus vaste que juste s’occuper de sa lutte locale per­met d’un côté de savoir que t’es pas si seul, de l’autre d’être plus rad­i­caux ».

Sur le plateau de Saclay, la coor­di­na­tion relance le 22 octo­bre 2022 une grande marche pour la préser­va­tion des ter­res d’Île-de-France au départ de Saint-Quentin-en-Yve­lines. La con­struc­tion patiente d’une fédéra­tion des luttes pour­rait com­mencer à porter ses fruits. Qui sait, peut-être avec l’abandon de la ligne 18 ?

Gio­van­ni Simone, jour­nal­iste pour Le Chif­fon

Tous les prénoms suiv­is d’un * ont été mod­i­fiés par souci d’anonymat.

Pho­to de Une > Zaclay vue de l’entrée: en pre­mier plan le dôme géodésique provenant de Notre-Dame-des-Lan­des. Pho­to de Gio­van­ni Simone.

Illus­tra­tion > Sophie Bra­vo de la Pena.

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