La Courneuve, pre­miers jours d’automne ensoleil­lés. Une quin­zaine de per­son­nes sont réu­nies dans une grande coloc’ située dans l’ancienne plaine maraîchère des Ver­tus. La bouil­loire fume : l’eau chaude pour le café est prête. Dans le jardin exigu bor­dé de noisetiers et de fram­boisiers tail­lés, les par­tic­i­pants se présen­tent tour à tour : c’est le début de qua­tre jours de chantiers com­muns avec, pour thème, une énig­ma­tique : « Démé­trop­o­li­sa­tion par le bas ». Le but affiché ? « Se réu­nir pen­dant plusieurs jours entre fer­miers, uni­ver­si­taires ou anciens étu­di­ants, milieux asso­ci­at­ifs et per­son­nes en sit­u­a­tion d’exil » énumère Nathalia, anci­enne étu­di­ante à l’École des hautes études en sci­ences sociales (EHESS), « pour faciliter l’installation des exilés — bien sou­vent sans-papiers — qui voudraient vivre dans des cam­pagnes de France et d’Île-de-France pour men­er des activ­ités pro dans les secteurs agri­coles et arti­sanaux ». Une pre­mière dans la région1.

Ces journées sont co-organ­isées par une con­stel­la­tion de groupes : en pre­mière ligne, l’Asso­ci­a­tion Accueil Agri­cul­ture Arti­sanat (A4), fondée en 2021, qui accom­pa­gne des per­son­nes avec un par­cours de migra­tion voulant dévelop­per une activ­ité agri­cole ou arti­sanale ; les col­lec­tifs FRICHE et les Com­mu­naux, dont l’objectif est de favoris­er des pra­tiques d’habitation et des formes de coopéra­tions alter­na­tives aux insti­tu­tions éta­tiques et marchan­des ; enfin, les « Chantiers pluri-ver­sités » de repris­es des savoirs, lancés à l’été 2022, dont le but est la trans­mis­sion de pra­tiques et de savoirs paysans dans un esprit d’autogestion.

Notre-Dame-des-Lan­des, lors d’un voy­age-enquête d’A4. Pho­to : William Loveluck.

Pour Tarik, ancien étu­di­ant de Paris 8 et mem­bre fon­da­teur d’A4, l’enjeu de l’installation d’exilés dans les cam­pagnes français­es dans les prochaines années est immense. D’une voix calme, les lunettes lui glis­sant sur le bout du nez, il explique : « En 2030, la moitié des agricul­teurs de la région aujourd’hui en activ­ité seront par­tis à la retraite, il y a un besoin urgent d’organiser la relève. Et puis, nous sommes entrés dans une crise cli­ma­tique qui néces­site de repenser la place de l’agriculture indus­trielle au prof­it d’une agri­cul­ture paysanne qui néces­site plus d’humains. Enfin, nous con­nais­sons une mon­tée de l’extrême droite qui rend urgent de bris­er l’entre-soi ».

Depuis un an, A4 organ­ise des voy­ages-enquêtes de quelques jours dans des fer­mes français­es. « Le but, c’est de dia­loguer avec des agricul­teurs qui sont intéressés pour nous accueil­lir. On veut décou­vrir leurs besoins, leurs inten­tions, pour ensuite penser à tra­vailler chez eux ou même à repren­dre leur ferme. Parce que cer­tains nous dis­ent qu’ils vont par­tir en retraite et que per­son­ne n’est là pour pren­dre la suite » déclare Sem­bala, exilé malien de 28 ans, et mem­bre de l’association.

« Ce qu’on veut construire ces dernières années s’apparente à des luttes qui ont plusieurs décennies d’histoire »

Par­ti de son vil­lage à 14 ans pour rejoin­dre l’Italie après une tra­ver­sée de la Méditer­ranée depuis l’Algérie, son par­cours est sin­guli­er. Arrivé en France en 2014, Sem­bala va con­naître six années de galère, à la rue. En sep­tem­bre 2020, il par­ticipe à la Marche des sans-papiers qui relie Mar­seille à Paris. Des mil­i­tants ren­con­trés dans le cortège lui par­lent de la Zone à défendre (ZAD) de Saclay (lire le reportage du Chif­fon, ici). « Depuis 2021, dit-il avec le sourire, j’ai con­stru­it ma cabane là-bas grâce à des copains de Bour­gogne chez qui j’ai habité avant ». C’est à ce moment qu’il ren­con­tre des mem­bres d’A4 et par­ticipe aux pre­miers voy­ages-enquêtes. En août 2022 il décide de par­tir trois semaines, via A4, à Tarnac (19) dans le Lim­ou­sin, pour par­ticiper à des tâch­es de cui­sine, de maraîchage et de boulan­gerie. « C’était vrai­ment trop bien. Main­tenant j’ai envie de tra­vailler la terre – je con­nais mal – com­pren­dre com­ment ça marche et voir si je veux me lancer là-dedans ou alors dans la boulangerie ».

L’après-midi s’enchaîne par la dif­fu­sion du doc­u­men­taire récem­ment sor­ti « Les Voix croisées2». Le doc­u­men­taire revient notam­ment sur les heurs et mal­heurs de l’expérience de la coopéra­tive agri­cole de « Somanki­di Coura », fondée en 1977 au Mali, par d’anciens exilés en France retournés au pays et voulant expéri­menter des modes de cul­ture de la terre sans machine. Une expéri­ence alors tout à fait mar­ginale. Pour Habib, exilé soudanais d’une trentaine d’années, lui aus­si mem­bre d’A4 : « C’est impor­tant de voir que ce qu’on veut con­stru­ire ces dernières années s’apparente à des luttes qui ont plusieurs décen­nies d’histoire. Mais en même temps, en la décou­vrant, je me suis dit qu’on est tou­jours dans les mêmes galères depuis les années 1970 ».

Sem­bala aux côtés d’habi­tants de la ZAD de Notre-dame-des-Lan­des. Pho­to : William Loveluck.

Habib quant à lui décide de quit­ter le Soudan en 2012, à cause d’activités poli­tiques lorsqu’il étu­di­ait à l’université (« ma vie com­mençait à être en jeu »). Arrivé en France après des mois d’un pénible périple, il cherche à rejoin­dre Calais pour l’Angleterre. Impos­si­ble de franchir la Manche pen­dant neuf mois de ten­ta­tives infructueuses ; c’est là qu’il ren­con­tre des mil­i­tants de No Bor­der3, qui lui con­seil­lent de rejoin­dre la ZAD de Notre-Dame-des-Lan­des (44), qu’il va aller décou­vrir. Sa demande d’asile rejetée, il décide de rester sur place. « J’ai com­mencé à con­naître des agricul­teurs, des gens en cam­pagne : ils me demandaient des coups de main pour de la soudure », activ­ité très recher­chée à laque­lle il est for­mé. De 2016 à 2020, il va œuvr­er dans la fab­ri­ca­tion de fours à pain. Sa ren­con­tre de mem­bres d’A4 à l’été 2021 vient répon­dre à une aspi­ra­tion déci­sive pour lui.

« Au Soudan, beau­coup pensent que l’agriculture est dif­fi­cile. Générale­ment, nos par­ents nous poussent à des études pour qu’on ne souf­fre pas comme eux… les jeunes ne veu­lent plus tra­vailler dans la cul­ture de la terre. Nos familles se deman­dent pourquoi on ne fait pas autre chose. Il ne com­pren­nent pas que ce qu’on fait par néces­sité au bled, on le fait par choix ici » pour­suit Habib, qui aimerait s’investir à fond dans l’essor de l’association et, à terme : « repar­tir au Soudan et pourquoi pas lancer un lieu col­lec­tif avec pra­tiques arti­sanales et paysannes. Ce serait superbe ! » clame-t-il, le regard ferme et les com­mis­sures des lèvres qui s’ouvrent sur un sourire.

Des fermes en Île-de-France pour accueillir les exilés ?

Ferme de Com­breux. Seine-et-Marne. Myr­i­am Suchet, habi­tante de la ferme et maître de con­férences à la Sor­bonne nou­velle, fait décou­vrir aux par­tic­i­pants du chantier ce lieu de vie au sud de Tour­nan-en-Brie (77). « La ferme de Com­breux, c’est un col­lec­tif com­posé à la fois des habi­tants qui vivent sur place mais ne cul­tivent pas et des cul­ti­va­teurs qui n’habitent pas sur place… Ici, on veut ouvrir un hori­zon qui dépasse la seule reprise des ter­res agri­coles : on veut aus­si éla­bor­er de nou­veaux rap­ports à la famille, à la péd­a­gogie, expéri­menter d’autres imag­i­naires en actes. Nous avons en par­ti­c­uli­er des rap­ports étroits avec nos voisins exilés et l’as­so­ci­a­tion Empreintes qui les accueille ».

La dimen­sion agri­cole est assurée par Thibaud et Jus­tine, instal­lés en GAEC pour le maraîchage, Mélanie pour les fruits et Bastien, paysan-boulanger qui, en 2021, a récupéré 60 hectares de sur­face agri­cole rachetées par l’as­so­ci­a­tion Terre de liens. Por­tant sa fille dans les bras, il nous pro­pose un tour du pro­prié­taire : « De la cul­ture du blé à la cuis­son du pain, je veux faire toutes les activ­ités pour réalis­er un pain », au terme de la vis­ite il annonce : « penser à met­tre à dis­po­si­tion une par­tie des 60 hectares, pourquoi pas à des exilés pour y faire de l’a­groé­colo­gie ou autre ? ».

L’après-midi s’enchaîne par la décou­verte de la ferme des Monts gardés sur la com­mune de Claye-Souil­ly (77). Cein­turé par les routes, le chemin de fer et des lignes à haute ten­sion, cet ancien site de 35 hectares se retrou­ve au milieu des années 2000 par­ti­c­ulière­ment pol­lué et infer­tile. En 2006, un pro­jet expéri­men­tal d’agroforesterie, d’élevage et de maraîchage est lancé par la paysag­iste Agnès Sour­ris­seau. « C’était une mis­sion de dépol­lu­tion sur des ter­res presque com­plète­ment mortes » annonce-t-elle en nous accueil­lant sous un chapiteau de for­tune dont la toile claque sous le coup des bourrasques.

                                         Sur la ferme du col­lec­tif Salto, aux Bil­langes (87). Pho­to : William Loveluck.

Aujourd’hui, seule une petite par­tie des 35 hectares, divisés en 200 par­celles, est cul­tivée. « Il faudrait trou­ver des forces vives pour cul­tiv­er ces ter­res. C’est pour ça que la venue des par­tic­i­pants à ce chantier pluri-ver­si­taire tombe très bien », annonce Agnès Sour­ris­seau, qui con­cède que les con­di­tions sur place sont assez rudes — mais stim­u­lantes, pour qui veut appren­dre différemment.

D’ailleurs, côté appren­tis­sage, Agnès Souris­seau par­ticipe depuis sep­tem­bre 2022 à l’ouverture du pre­mier lycée agri­cole entière­ment dédié à l’agroécologie, qui délivre un Cer­ti­fi­cat d’ap­ti­tude pro­fes­sion­nelle (CAP) et un Bac pro. Les cours sont à Sevran (93), la pra­tique est basée dans une vaste ferme de 2 000 hectares, dans le parc région­al du Gâti­nais (91). « Ceux qui sont inscrits pour les 3 ans du Bac pro peu­vent alors obtenir des papiers » ajoute-t-elle.

Un enjeu impor­tant pour A4. Selon Alitzel, mem­bre grenobloise de l’association : « On réflé­chit à ce que l’asso’ puisse avoir un statut juridique qui lui per­me­tte d’organiser l’installation durable d’exilés pour des boulots agri­coles ou arti­sanaux, manière aus­si de les régu­laris­er admin­is­tra­tive­ment ». Une pos­si­bil­ité est ouverte via les Organ­ismes d’accueil com­mu­nau­taires et d’activités sol­idaires (OACAS). Un statut juridique excep­tion­nel lancé par les com­mu­nautés de « tra­vailleurs sol­idaires » d’Emmaüs en France (plus de 120) qui accueil­lent près de 5 000 per­son­nes, dont la moitié de sans-papiers. Recon­nu en 2008, ce mod­èle est devenu depuis un agré­ment pour une ving­taine d’associations4.

L’accès à la terre des sans-pap’ : mission impossible ?

Pour Tarik : « Les fer­mes en lien avec A4 sont pour l’instant peu nom­breuses en Île-de-France, ce qui fait que celles de Com­breux et des Monts Gardés sont pré­cieuses. Tout le boulot de mise en rela­tion reste à faire ». Un tra­vail déjà entamé en France par le Ser­vice jésuite des réfugiés (JRS France), l’asso­ci­a­tion Tero Loko, le réseau CIVAM mais aus­si par le pro­gramme « WWOOF­ing Sol­idaire », créé en 2019.

Cette mise en rela­tion s’avère d’autant plus pré­cieuse que l’accès à la terre pour des per­son­nes ne venant pas du milieu ressem­ble à un chemin de croix5 . Pour William Loveluck, chargé de recherche et d’analyse pour Terre de liens : « Ceux qui ne sont pas social­isés dans ce milieu n’ont pas accès à l’information en cas de trans­ac­tion de sur­faces agri­coles. Dans le cas de trans­fert de pro­priété, la can­di­da­ture d’A4 auprès de la Safer, en présen­tant des pro­fils bien sou­vent sans diplôme agri­cole, ne pèserait pas lourd ». D’où l’intérêt selon lui que l’Association A4 monte une coopéra­tive de tra­vail agri­cole, et que Terre de liens mette à dis­po­si­tion des ter­res dont elle serait propriétaire.

La semaine d’échange se clôt au « lab­o­ra­toire artis­tique » du DOC (XIXe), par la dif­fu­sion du doc­u­men­taire « D’égal à égal6», qui retrace le voy­age-enquête d’A4 en févri­er 2022 sur la mon­tagne lim­ou­sine : « Avec ce docu’, on voulait cass­er l’idée de la cam­pagne comme ter­ri­toire hos­tile pour les exilés » développe Tarik. Une démarche qui vient se téle­scop­er à l’actualité. Car Emmanuel Macron a annon­cé, dans son dis­cours aux préfets du 15 sep­tem­bre 2022, vouloir dévelop­per pour le futur pro­jet de loi « asile et immi­gra­tion », qui sera présen­té début 2023 :« Une poli­tique pro­fondé­ment dif­férente de répar­ti­tion sur le ter­ri­toire des femmes et des hommes qui sont en demande de titre [de séjour], et y com­pris de celles et ceux qui les ont reçus ». Son idée ? Implanter ces per­son­nes en cam­pagne pour lut­ter con­tre deux maux : le dépe­u­ple­ment des ces dernières et l’entassement dans les ban­lieues. Une bonne nou­velle pour A4 qui se voit couper l’herbe sous le pied ?

Pour Tarik, il s’agit d’une fausse bonne inten­tion : « Il y a un principe fon­da­men­tal pour nous : c’est la lib­erté de cir­cu­la­tion. Si les per­son­nes avec un par­cours de migra­tion veu­lent s’installer en ville ou en cam­pagne, qu’elles soient libres de le faire. Avec Macron, on les forcerait à s’installer en cam­pagne — comme on le fait déjà avec l’ouverture de Cen­tres d’ac­cueil de deman­deurs d’asile (CADA) en cam­pagne depuis 2015 -, elles ne pour­raient pas quit­ter leur départe­ment et s’installer ailleurs sous peine de per­dre leurs droits, et c’est déjà le cas aujourd’hui ».

Nic­co, cheville ouvrière des chantiers pluri-ver­sités, abonde : « La ques­tion n’est pas de penser la ges­tion de la crise migra­toire depuis la hau­teur du point de vue éta­tique comme le fait Macron. Lui est dans une logique de loge­ment. Nous, on souhaite leur laiss­er le choix et que leurs activ­ités pro­fes­sion­nelles et sociales s’encrent à chaque fois dans un milieu de vie avec ses spé­ci­ficités : c’est une logique d’habitation bien plus large ». Qui plus est, ajoute Tarik, « Macron, par cette mesure, a peut-être l’idée de fournir une main d’œuvre corvéable pour l’agro-industrie en cam­pagne » dans un con­texte post-covid où le pre­mier con­fine­ment a vu une pénurie de main d’œuvre dans ce secteur.

Pour une révolution de la « subsistance »

La semaine suiv­ante, nous retrou­vons Nic­co dans un bar au bord du canal de l’Ourcq7. Il nous racon­te que le col­lec­tif de « repris­es des savoirs », qui a organ­isé ce chantier de « démé­trop­o­li­sa­tion » en a aus­si lancé plusieurs autres à l’été 2022, générale­ment à l’affiche baroque et séduisante : « Creuser une mare à grenouille con­tre la métro­pole », « Activ­er les savoirs nat­u­ral­istes au ser­vice des luttes », « Écolo­gie poli­tique d’une vanne à moulin » ou encore « Savoir/faire avec la nature, explo­rations écofémin­istes ». Le sweat à capuche hissé sur les oreilles, Nic­co explique : « L’idée de ces chantiers auto­gérés c’est que les savoirs soient le résul­tat d’une expéri­ence de vie com­mune et qu’ils met­tent en activ­ité à la fois le corps et l’esprit ». Et de pour­suiv­re : « Notre hori­zon de reprise des savoirs s’inscrit dans une cri­tique de l’institution sco­laire qui crée une hiérar­chie entre enfant et adulte et atteste de l’assimilation d’un con­tenu par un diplôme. Il y a des expéri­ences qui ont ren­ver­sé ce cadre au XXe siè­cle : l’Université de la Terre au Mex­ique, cer­taines écoles berbères en Algérie et de l’Espagne répub­li­caine ou l’Université expéri­men­tale de Vin­cennes ». C’est dans cette tra­di­tion qu’il souhaite inscrire ces chantiers.

« C’est notamment la métropole qui empêche cette autonomie des populations »

Selon lui, la cri­tique du dis­posi­tif sco­laire doit s’articuler à une ligne d’action poli­tique plus générale : « Nous sommes dans un con­texte de mul­ti­ples crises : migra­toires, sco­laires, du tra­vail, du loge­ment, de la paysan­ner­ie. Trop sou­vent, ces crises sont pen­sées séparées les unes des autres. Il y a la lutte des sans-papiers, la lutte éco­lo avec les march­es pour le cli­mat, la lutte syn­di­cal­iste pour le tra­vail, etc. Notre ambi­tion, c’est de dépass­er cette sépa­ra­tion à par­tir d’une pra­tique de la sub­sis­tance » c’est-à-dire de pren­dre en charge à l’échelle de petites com­mu­nautés la sat­is­fac­tion des besoins de la vie quo­ti­di­enne (se loger, manger, se vêtir, se cul­tiv­er, etc.).

« C’est notam­ment la métro­pole qui empêche cette autonomie des pop­u­la­tions ». En plus de cette dépos­ses­sion, Nic­co tient à soulign­er la dimen­sion colo­niale de la métro­pole parisi­enne, qui a his­torique­ment aspiré des « colonisés de l’intérieur » venus des régions français­es et des « colonisés de l’extérieur » notam­ment venus d’Afrique. « Démé­trop­o­lis­er » nos vies, c’est alors agir con­tre la dépos­ses­sion de nos savoir-faire, de notre cul­ture et de nos capac­ités de sub­sis­tance : « Tout ce dont souf­frent avant tout les exilés. C’est pour ça que nous devons nous organ­is­er pour faciliter le chemin de ceux qui aspirent à cette vie ».

Gary Libot, jour­nal­iste pour Le Chif­fon

Pho­to de Une — Lors d’un voy­age-enquête d’A4 à la ZAD de Notre-dame-des-Lan­des en novem­bre 2022. Sem­bala aux côtés d’habi­tants. Pho­to : Abra­ham Cohen.

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