Auteur : Gary Libot

Avant tout ne pas nuire ?

Genopole d’Évry ou le vivant transformé en Lego [N°13]

Le Genopole d’Évry-Courcouronnes (91) est le premier campus consacré aux « biotechnologies » en France. Sur place, des scientifiques et des entrepreneurs s’affairent à comprendre et intervenir dans le fonctionnement génétique et cellulaire du vivant. Les promesses de « décarboner l’économie » ou de soigner des maladies ouvrent des perspectives économiques majeures. Les questions sociales et philosophiques sont, elles, abyssales. Enquête.

Entretien

Entretien avec Jean-Marie Brohm : « Presque plus personne ne critique l’idéologie et la pratique sportive » [N°11]

Jean-Marie Brohm est professeur émérite de sociologie à l’Université Montpellier III. Notamment inspiré par la Théorie critique allemande (Adorno, Horkheimer, Fromm, Marcuse), les situationnistes et la psychanalyse, il est l’initiateur de la « Théorie critique du sport » en France dans les années 1960. Une critique sans concession qu’il va déployer dans de nombreux ouvrages et des revues :Partisans, Le Chrono enrayé ou Quel Corps ? Pour Le Chiffon, il revient sur quelques points essentiels de son œuvre. Invitation à redécouvrir ce pan aussi fécond que marginalisé de la réflexion sur le sport.

Assistanat technologique

Sport et science : data, prêts… partez ! [N°11]

Quand gagner des médailles devient un enjeu de politique internationale, la compétition se joue aussi dans les laboratoires de recherches. Le corps des athlètes, évalué paramètre par paramètre, est perçu comme un assemblage de données stratégiques. Mais qui concourt alors, si les épreuves n’opposent plus seulement les sportifs, mais les moyens dévolus à leur « optimisation » ? Quelle sont les conséquences de cette idéologie du corps sur une politique plus générale de la santé ? Les petits rats du Chiffon se sont faufilés dans le laboratoire de la fabrique des champions.

Le fétichisme de la logistique

Marché de Rungis : Comment la logistique remplit nos assiettes [N°9]

Le Marché d’intérêt national (MIN) de Rungis, tout le monde connaît. Enfin, tout le monde en a entendu parler. Peut-être avez-vous vu ces reportages où la caméra zieute les arrivages des meilleurs homards, agneaux et autres fruits exotiques, tout en célébrant l’excellence culinaire de la gastronomie française. Plutôt que vous rejouer cette sérénade, on va plutôt chercher à comprendre comment la logistique industrielle du « plus grand marché alimentaire du monde » influence l’organisation de l’agriculture dans la région, et par-delà.

Autonomie alimentaire et solidarité

Reprise de terres par les migrants : la relève paysanne est là ? [N°7]

Faciliter l’installation d’exilés sans-papiers qui voudraient pratiquer des métiers agricoles ou artisanaux en campagne ? C’est l’horizon que se donne une constellation de collectifs réunis pour la première fois en septembre 2022 lors d’un chantier de « reprises des savoirs », organisé dans plusieurs lieux de la région. Le Chiffon y était pour vous et vous raconte ces rencontres : dans un contexte de départs massifs à la retraite des agriculteurs, d’une remise en question de l’agriculture industrielle et d’une montée de l’extrême droite, les enjeux sont colossaux. Reportage.

Informatisation

Fin du ticket de métro à la RATP : vers quoi nous mène l’informatisation de la billettique ? [N°5]

Vous le savez peut-être déjà : le ticket de métro tire sa révérence. Après 122 ans de service, le ticket magnétique est abandonné au profit des cartes à puce et du paiement par ordiphone. Peut-être y verrez-vous une disparition anecdotique ou seulement symbolique. Et que le progrès technologique, faute de pouvoir l’arrêter, doit bien continuer de creuser son sillon ! Mais cela va bien au-delà : c’est un monde, une philosophie, une manière d’être qui s’estompe insensiblement. Le tout au profit d’un outil gestionnaire qui multiplie les possibilités de surveillance des populations. A ceux qui verraient en nous des âmes tourmentés par un nouveau mal du siècle nécessairement rétrograde, nous tâcherons ici de montrer que cette disparition participe de l’approfondissement d’une société à questionner : celle du tout numérique.

Disney palette

Les tiers-lieux et friches culturelles : qu’est-ce qui cloche ? [N°4]

« LES TIERS-LIEUX SONT DÉJÀ LE MONDE D’APRÈS », voilà ce qu’explique une tribune publiée en ligne en mai 2020 sur Enlarge Your Paris et signée par une vingtaine de tiers-lieux parisiens. Fort du rôle qu’ont joué certains d’entre eux durant l’épidémie de COVID, ils sont désormais dans toutes les bouches et parés de toutes les vertus : résilience, inclusivité, créativité, solidarité, sociabilité, productivité, etc. Aujourd’hui, la machine connaît un engouement tout particulier qui embarque dans ses rouages citoyens, associations, entrepreneurs, propriétaire fonciers, collectivités territoriales, État. Alors, tout est beau au pays des tiers-lieux ? On dirait que quelque chose sonne faux… et on va tenter de vous expliquer pourquoi.

Vertu de l'auto-organisation

Laboratoire écologique zéro déchet : «  Avec nos actions de récup’ on ramasse la merde du capitalisme » [N°3]

Lieu singulier dans la banlieue parisienne, le laboratoire écologique zéro déchet expérimente à Pantin (93) des pratiques de récupération d’aliments, de vêtements et de matériaux divers qu’il redistribue à une population dont la misère ne s’est qu’accrue avec la pandémie. Une démarche salutaire que ne cesse pourtant de questionner le collectif qui habite les lieux. La récupération sous ses diverses formes ne conforte-t-elle pas la logique du capitalisme ? La société industrielle n’a-t-elle pas éminemment besoin de ces lieux de récupération ? Reportage.

Politique de l'Autruche

La bataille du Vexin contre l’industrie cimentière [N°2]

Dans le Parc naturel régional du Vexin (Yvelines) se livre une rude bataille depuis maintenant plus de deux décennies. Le cimentier français Calcia souhaite étendre sa carrière de calcaire afin de poursuivre son activité historique dans la région pour un siècle supplémentaire. Depuis, plusieurs rebondissements sont venus perturber les projets de l’Etat. Reportage au nord du Mantois, sur un territoire aussi désindustrialisé que combatif.

Urbanisme

Les friches ferroviaires : vers des forêts de béton [N°1]

A Paris, parmi les derniers espaces urbains libres, il y a les friches ferroviaires. Dans le cadre du Grand Paris, ces dernières sont en train
d’être bétonnées et marchandisées, pour accueillir logements, bureaux
et commerces. Alors que Paris se dépeuple, alors que Paris est la métropole la « moins verte du monde », alors que les logements vacants n’ont jamais été aussi nombreux dans la capitale, les aménageurs et autres politiciens poursuivent la construction immobilière à tout crin, au nom de l’écologie. Enquête sur l’absurdité en cours.